mercredi 13 mai 2009, par Claude Cordier
Je raconte ma folle vie quotidienne, où je vais, ce que je vois, ce que je sens, ce que je mange, ce dont je discute avec moi-même, ce qui me surprend dans la glace et tout le reste, qui n’est pas rien, tellement je suis riche intérieurement.
J’écris à la tata, aux cousins, aux amis d’enfance, aux voisins, à mon médecin et même aux facteurs du centre de tri. Je balance aux 6Suisses des critiques acerbes, aux journaux des commentaires féroces, aux critiques des réponses immondes, j’écris à tout le monde.
J’écris à la plume Sergent Major et à l’encre de Chine afin de donner de la matière à mes textes. Je m’applique sur les pleins et les déliés, seuls les vieux savent quelle douleur cela implique au poignet et la difficulté cyclopéenne à éviter les taches sur les doigts. Je déverse en mots riches et choisis l’intensité de mon vécu. Il m’est arrivé de décrire, avec une précision d’éthologue,la mouche qui se pose sur l’écran de télévision que je n’allume jamais de crainte de perturber mon imagination fertile. J’ai également décrit mot à mot la conversation que j’entretins, lors d’un rêve, avec ma défunte mère au sujet de la propreté du réfrigérateur. Je suis certain que d’aucun en tireront des leçons d’hygiène. J’adore écrire aux autres. Sauf que je ne poste jamais mes lettres, je ne vais pas dépenser des sous pour des êtres que j’abomine. En outre je détesterais que quiconque me réponde. C’est vrai quoi : L’écrivain c’est moi et moi seul, bien seul.